Design avec FontForge

Un livre sur la création de polices à l'aide de FontForge

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Qu'est-ce qu'une police de caractères?

— Qu’est-ce qui rend les polices de caractères différentes de l’écriture manuscrite, de la calligraphie, du lettrage et des logos?

Ce qui est différent dans la conception de polices est la nécessité pour chaque glyphe dans la police de caractères de fonctionner avec tous les autres glyphes. Cela signifie souvent que la conception et l’espacement de chaque partie de la police de caractères finit par être une série de compromis méticuleux. Ces compromis signifient que nous devons voir la conception de caractères comme la création d’une merveilleuse collection de lettres, et non comme une collection de lettres merveilleuses. En d’autres termes, nous devons penser au groupe et à la façon dont il se comportera ensemble et prioriser cela sur tout ce qui est magnifique dans une seule lettre.

Ce besoin de prioriser avec le système plutôt qu’avec n’importe quelle partie unique mène également à un besoin d’analyser notre processus de conception au niveau du système. Les caractéristiques qui s’étendent sur plusieurs lettres deviennent les éléments sur lesquels nous voulons nous concentrer, en particulier au début du processus de conception.

Une autre singularité dans la conception de police est que dans une très grande mesure, les formes que nous concevons sont déjà considérablement établies. Notre tâche en tant que concepteurs de polices n’est pas tant de créer une forme totalement nouvelle mais plutôt de créer une nouvelle version d’une forme existante. Cela peut être déconcertant pour les nouveaux concepteurs de police. Trouver le juste montant à changer pour enthousiasmer mais pas pour s’aliéner un lecteur est une chose délicate. Souvent, les concepteurs restent coincés à penser à des lettres spécifiques. Cette erreur peut être facilement évitée si vous réalisez dès le début que ce qui est le plus significatif dans une police de caractères sont les parties de celle-ci qui se répètent le plus. La conception de police n’est pas seulement de concevoir les caractéristiques des formes communes que nous reconnaissons tous, mais aussi celles des formes qui se produisent le plus souvent.

Il est également utile de reconnaître que ces caractéristiques non seulement aident à créer le ton ou l’atmosphère d’une police, mais aussi à déterminer à quoi la police sera utile ou non, et elles aident parfois à déterminer les contextes technologiques pour lesquels une police est appropriée.

Il peut sembler intimidant ou excessivement abstrait de penser à la conception d’une police de cette façon. Cependant, s’habituer à ces idées est la clé d’un processus de conception de police plus rapide, plus efficace et plus satisfaisant.

Commençons par identifier les principales caractéristiques systémiques dans la conception de police.

Construction

La construction désigne la structure des traits sous-jacents qui forment un glyphe particulier, c’est-à-dire le squelette du glyphe. Le type de construction à utiliser est sans doute l’une des questions les plus importantes à penser, parce que la construction affecte tant de choix, en particulier si votre conception va sembler quelque peu familière aux lecteurs. Dans l’exemple ci-dessus, la ligne blanche à l’intérieur des lettres indique la construction approximative suggérée par la forme des lettres elles-mêmes.

Cependant, la façon dont les traits se terminent (les ‘terminaisons’ et les ‘empattement’ (voir ci-dessous) ne font pas partie généralement de ce que nous entendons par ‘construction’. La construction est le squelette du glyphe, tandis que le reste — la largeur, la graisse, les terminaisons — font toutes parties de la chair.

Proportion de la hauteur d’x à la hauteur de capitale

Les lettres sur la gauche provenant de Playfair Display ont une grande hauteur d’x par rapport à leur hauteur de capitale. Les lettres sur la droite sont de EB Garamond et ont une plus petite hauteur d’x. Dans l’exemple ci-dessus, la taille du H a été ajustée pour qu’ils correspondent.

Hauteur de l’ascendante

Dans l’exemple ci-dessus, les hauteurs d’x ont été adaptées afin d’illustrer la différence relative des hauteurs de l’ascendante.

Les ascendantes dépassent habituellement la hauteur de capitale de quelque peu, en particulier dans les designs de texte. Dans certains cas, cependant, elles peuvent égaler ou même être inférieures à la hauteur de capitale. Des ascendantes plus longues peuvent ajouter de l’élégance à l’apparence d’une police de caractères. Elles vont souvent de paire avec de plus petite hauteur d’x.

Profondeur de la descendante

Comme les ascendantes, les descendantes qui sont longues peuvent sembler élégantes.

Prises ensembles, de longues ascendantes et descendantes peuvent devenir difficiles à gérer. Si la police de caractères est utilisée avec de petites hauteurs de ligne, l’allongement moyen des lettres peut causer une collision entre les lignes de texte.

Largeur

La largeur de design d’une police va modifier non seulement à quoi elle ressemble, mais aussi à quoi elle est utile. L’exemple sur la droite est celui d’une police de texte. L’exemple sur la gauche est celui d’un design d’affichage destiné à être accrocheur. Des lettres qui sont plus étroites que l’exemple de police de texte sont également possibles et peuvent être utilisées pour économiser de l’espace ou pour permettre plus de texte dans un espace plus petit.

Largeur régulière versus variable

Les lettres dans la ligne supérieure de cet exemple montrent une plus grande variété de largeur que les lettres dans la ligne inférieure.

Graisse

Inclination

Contraste

Le contraste désigne la variation de la largeur du trait dans un glyphe. Remarquez dans les deux glyphes ‘O’ ci-dessous que celui de gauche a une plus grande variabilité dans l’épaisseur de ligne entre le haut et les côtés du glyphe. Les deux glyphes ont un certain contraste, mais celui de gauche en a beaucoup plus que celui de droite.

Une police avec graisse constante (largeur du trait) dans ses formes de lettre ou sans contraste visible se distingue grandement d’une police contrastée. Comme le choix entre serifs ou sans-serifs, le contraste est un choix primordial de la conception de police. Il est intéressant de noter que les designs avec empattement rectangulaire utilisent généralement une largeur de trait constante dans leurs lettres, et que le design des empattements rectangulaires n’est pas seulement à propos des empattements, comme on peut l’imaginer! Il faut se rappeler que les règles de la perception s’appliquent (voir “Faîtes confiance à vos yeux”) — le contraste a plus rapport à la façon dont la graisse apparaît que comment elle est mesurée.

Angle de contraste

Dans l’image ci-dessous, nous voyons que les parties minces des formes de la lettre minuscule ‘o’ sont différentes. Dans le glyphe à gauche, les points minces reposent sur un axe parfaitement vertical. Dans le glyphe à droite, l’axe est diagonal.

Distribution de la graisse

Si votre police utilise très peu ou pas de contraste, vous n’avez pas vraiment besoin d’y penser. La plupart des fontes, cependant, ont au moins un certain degré de contraste. Dans ce cas, vous avez une grande variété d’options à choisir quand il s’agit distribuer la graisse dans votre fonte.

Verticale

Une distribution verticale de la graisse est très commune. Le 9 et le 8 ci-dessus sont des exemples particulièrement frappant.

Horizontale

Une distribution de graisse horizontale est beaucoup moins commune, mais est néanmoins visible dans de nombreuses polices.

Forte à la base

Forte au sommet

Irrégulière

Fûts

Il est facile de supposer que vos fûts seront tout simplement droits et que ce n’est pas une préoccupation réelle, mais à la fois la graisse et la forme de vos fûts sont des choix délibérés que vous pouvez et devez faire.

Jonctions

Panses

Notez que les panses sont les traits courbes dans les illustrations ci-dessous et non les formes noires intérieures. Les traits internes sont appelés “contrepoinçons”. Lors de la conception d’une police, vous devrez souvent altérer votre travail non pas en raison de la forme ou la largeur du trait, mais en raison de la forme et de la taille du contrepoinçoin.

Terminaisons

Les terminaisons sont les formes aux extrémités des traits. Ce ne sont pas des empattements. Elles sont souvent perpendiculaires à l’angle du trait à son extrémité, ou ciselés horizontalement ou verticalement. Elles peuvent également refléter la forme de la pointe ou des autres outils de traçage que les lettres évoquent.

Vitesse

Le ‘n’ de gauche semble être écrit beaucoup plus vite ce celui de droite. La vitesse est discutée plus en détail dans le chapitre sur les italiques

Régularité

Les caractéristiques suivantes ne sont pas présentes dans tous les designs de police, mais ce sont des variables qui peuvent faire partie de votre conception. Si tel est le cas, il convient de considérer le degré auquel elles joueront un rôle.

Ornements

Notez que dans la police du dessus, les ornements sont plus présents dans la lettre majuscule et que dans celle du bas, les ornements le sont plus dans la minuscule.

Empattement — Être ou ne pas être

Les empattements sont l’un des aspects les plus distincts d’une police de caractères, et souvent la première classification de police est de distinguer les polices avec empattements (serif) et sans empattements (sans-serif).

Ce choix affecte à quoi les terminaisons vont ressembler. Les empattements peuvent être des deux côtés ou d’un seul côté. Ils peuvent être perpendiculaires au trait ou avoir leur propre direction (comme être toujours horizontal ou vertical). Les empattements peuvent être avec ou sans congé. Tout design d’empattement est un mélange de tout ce qui précède appliqué uniformément au design de la police avec quelques déviations pour des lettres particulières, en particulier les ‘S’, ‘C’ et ‘Z’ (c.-à-d. une police avec empattement horizontale pour toutes les lettres aura souvent s, c et z avec un empattement vertical).

Il existe une légende urbaine affirmant que les polices avec empattement sont plus faciles à lire que sans empattement — cela est seulement un mythe, jusqu’à nouvel ordre.

La forme des empattements est liée aux formes des terminaisons.

Congés

Les parties en coin d’un empattement où elles se connectent au trait principal sont appelées ‘congés’. Un design particulier peut donner une apparence douce à l’empattement (Times New Roman est un exemple) ou peut ne pas inclure aucun congé. Certains designs utilisent également des empattements seulement d’un côté ou avec des proportions différentes sur les deux côtés.

Il s’agit d’un paramètre relativement fort qui donne une touche spéciale à la police — élégance (congés doux ou grands de Times New Roman) ou lourdeur (congés absents de Arvo).

Empattements rectangulaires

Également appelé de type mécane ou égyptien, les empattements rectangulaires sont épais et en bloc. Les empattements rectangulaires n’utilisent pas de congé. D’une manière générale, le design de police avec de tels empattements est considéré comme ayant moins de contraste dans leurs glyphes — Rockwell, Courier ou American Typewriter reflètent cela.

On peut supposer que les empattements rectangulaires ont été utilisés pour ajouter un peu d’ornement ou de rythme à un design de police autrement sans contraste. Mais ce n’est pas une règle absolue.

Terminaisons d’empattement

Tout comme les terminaisons de lettres, la forme finale des empattements eux-mêmes contribue à l’aspect de la police — soit doux ou lourd. Les terminaisons d’empattement peuvent être douces et arrondies (Courier) ou émoussées et angulaires (Rockwell).

Décoration

The letter forms themselves may be decorated inside, or they may be extended with superfluous decorative forms - or both!

Close-up of internal decoration in a handwritten manuscript

An ornate cursive M

Woodblock typography, mirrored horizontally as it would appear when used on paper.

Dimension

Side of a truck reading 'CASEY & HAYES, MOVERS BOSTON'